Le principe relativement simple de l’écumeur cache une multitude de systèmes avec chacun ses avantages et ses inconvénients. L’écumeur à contre-courant est une colonne qui comprend une entrée tangentielle de l’eau à traiter dans sa partie supérieure et une sortie pour l’eau traitée à sa base. L’air ou le mélange air-eau est injecté au bas de la colonne créant ainsi un contre-courant qui forme une écume en surface et la dirige vers le godet. Il s’agit d’un écumeur simple et performant, grand standard de l’aquariophilie berlinoise. Il existe plusieurs moyens pour alimenter en air ou en mélange air-eau un tel écumeur. Par diffuseur. C’est le plus simple. Il doit produire de fines bulles de 0,5 ![]() Par venturi. L’eau est envoyée sous pression par une pompe à l’entrée d’un giffard qui comporte une aspiration d’air. Le mélange air-eau est réalisé en sortie du venturi et alimente la chambre de réaction de l’écumeur avec une écume fine et régulière. La pression assurée par la pompe doit être assez élevée pour permettre la formation de fines bulles. Beaucoup de gros écumeurs pour installations professionnelles sont équipés de venturi. (Ratz, Sander). Par mélangeur ou dispergateur. Il s’agit d’une pompe modifiée au niveau du rotor et de la chambre de turbine. L’air est aspiré et violemment mélangé à l’eau par une turbine tournant à 3 000 t/mn, c’est une cavitation contrôlée. Le mélange d’une très grande finesse est ensuite dirigé sur un répartiteur en forme de pomme d’arrosoir permettant de disperser cette écume dans toute la colonne à contre-courant. Ce sont des appareils simples et très performants qui fournissent une écume fine et régulière. Leur emploi tend à se généraliser. (ATK, Deltec, Ratz). L’écumeur à injection est souvent un appareil compact. La pompe de mise en pression est directement accolée au cylindre de réaction par l’intermédiaire d’un venturi d’injection d’air. Dans le cylindre, la rotation du mélange air-eau provoque une séparation par force centripète : l’écume remonte dans un deuxième cylindre plus petit en diamètre pour regagner le godet de réception et l’eau est évacuée par la partie basse. Ces écumeurs sont conseillés pour les seuls petits bacs. (Aquarium Systems, Fischer, Preis, Ratz). L’écumeur à recirculation ou contact est un écumeur à injection avec circuit de décharge optimisé fonctionnant en circuit fermé. L’eau de l’aquarium ne communique avec l’écumeur que par des fentes à travers lesquelles les substances à écumer glissent. Lors de la mise en route, l’eau est tout d’abord écumée dans l’appareil puis les pressions égalisatrices poussent les concentrations de substances dans l’appareil. Les performances sont moins bonnes que celles des écumeurs à contre-courant car l’eau ne passe pas dans l’appareil. L’oxygénation et les échanges gazeux sont moins importants. Pour l’aquarium récifal, on utilise les modèles les plus gros de la gamme. Ce système présente l’avantage de s’intégrer n’importe où dans le circuit d’eau de l’aquarium et son installation est simple. Il préserve le plancton et les autres animalcules. Ce principe d’écumeur demande de grandes quantités d’air. (Tunze : Comline et System). L’écumeur Flotor est une invention de l’université de Jülich (Allemagne). Cet appareil contient deux colonnes autorisant un doublement du chemin d’écumage et de ce fait un doublement de la capacité d’écumage par rapport à un écumeur à contre-courant classique. Le débit d’air est relativement réduit. Extrêmement performant pour l’extraction des substances nocives, il ne possède pas les performances en oxygén ![]() L’écumeur ETS. Ce principe récent d’origine américaine est cité ici à titre informatif. Son élaboration pourrait s’inspirer du filtre à ruissellement à bio-balles mais le fonctionnement et la finalité sont tout autres. A l’aide d’une pompe très puissante, l’eau est envoyée sous pression en haut d’un tube de faible diamètre comprenant une rangée de bio-balles. L’aspiration d’air se fait également de manière classique en haut du tube. La pression est telle qu’une émulsion air-eau provoquant de l’écume se forme au contact des bio-balles. La descente d’eau et d’écume est séparée tout simplement par une plaque incurvée située à l’intérieur de la boîte de séparation. Elle dirige l’écume qui flotte sur l’eau vers un autre tube de fort diamètre et comprenant le godet dans sa partie supérieure. Cet appareil semble permettre une meilleure optimisation des échanges gazeux. Son taux d’oxygène dissous est constamment à saturation et il permet de maintenir un pH plus élevé. Principal inconvénient : il nécessite une pompe très puissante et donc chère. ECUMAGE ET OLIGO-ÉLÉMENTS Peter Wilkens a été le premier à indiquer qu’il existe deux sortes d’écumes. L’une est celle produite par la plupart des écumeurs et dont la composition montre qu’on retire de l’eau à la fois le bon et le mauvais, l’autre est celle produite par des écumeurs de grande taille et dont le temps de contact est optimisé. Après analyse, on constate que cette écume n’est composée que d’éléments toxiques et ne comporte plus d’oligo-éléments utiles comme dans le premier cas. Si ces observations plaident en faveur d’écumeurs de grande taille, il faut toutefois relativiser car les exemples cités peuvent être considérés comme extrêmes et l’on connaît de magnifiques aquariums utilisant l’une ou l’autre méthode, seul le volume des bacs justifiant le choix opéré. Insistons encore sur le réglage de l’écumeur et son ajustement précis, deux paramètres qui seuls permettent de retirer de l’eau les éléments les plus nocifs sans trop appauvrir l’aquarium en oligo-éléments. L’écume doit sortir par brèves poussées et être de couleur plutôt sombre. Il ne s’agit pas de sortir continuellement une écume qui emplit le godet d’un liquide tirant sur le jaune clair. L’iode étant l’élément indispensable le plus rapidement éliminé par les écumeurs, il n’est pas inutile de préciser comment maintenir sa présence. L’iodure de potassium à 5 % (50 g de KI dans 1 l d’eau) peut être utilisée à raison de 0,5 ml par 100 l d’eau chaque semaine si le bac est assez peuplé ou tous les quinze jours pour un bac qui démarre. Il ne faut pas minimiser les qualités de l’iode en terme de photoadaptation, principalement en présence d’un éclairement élevé. Deuxième solution plus récente, l’utilisation du lugol soit 5 g de cristaux d’iode pure additionnés de 10 g d’iodure de potassium. Pour obtenir une solution forte (à 5 %), on dilue le lugol dans 100 ml d’eau. Une goutte pour 100 l d’eau de l’aquarium suffit pour obtenir 0,06 mg/l d’iode, soit le niveau exact rencontré dans le milieu naturel. Pour une solution faible (à 0,5 %), on dilue dans 1 l d’eau. Cette solution est plus facile à doser en fonction de la situation. Elle permet un apport journalier et donc une meilleure régulation en présence d’un écumage important. Par des bains ciblés, le lugol permet de sauver certains coraux atteints de germes pathogènes mais la prudence s’impose car tous ne supportent pas ces bains. Dans tous les cas et pour tous les types de produits comme l’iode, il faut commencer par des doses faibles et les augmenter progressivement jusqu’à obtenir le résultat souhaité. Surtout ne jamais surdoser ces produits qui sont potentiellement dangereux. |