Nourritures vivantes de petites taille | Nourritures vivantes pour les plus grand |
Maintenir des poissons oblige à quelques devoirs envers eux. Parmi les divers soins à apporter, il en est un primordial qui est de leur fournir une nourriture variée et de bonne qualité. De réels progrès ont été réalisés dans ce domaine, si bien que nous, aquariophiles passionnés et sensibles au bien-être de nos hôtes, n'avons plus rien à faire... ou presque. Aujourd'hui, l'apport d'une fraction de nourriture vivante n'est pas problématique. Les blisters proposés dans le commerce aquariophile sont très intéressants et simples d'emploi. Leur longue conservation évite bien des déplacements à l'éleveur sur le site de collecte, quand on a la chance de pouvoir y aller. Malheureusement, la micro-nourriture vivante est peu disponible chez les détaillants, hormis les classiques œufs d'artémia. Plus récemment, la mise sur le marché d'œufs de rotifères a solutionné bien des problèmes pour la reproduction de poissons dont les alevins sont de très petite taille. Profitons-en pour rappeler qu'il faut d'abord avoir de quoi donner à manger aux alevins avant de mettre en route une reproduction et qu'il est souvent trop tard pour la réussite de l'élevage de rechercher la nourriture lorsque des centaines de petites bouches réclament déjà leur pitance. Mais il n'est pas non plus nécessaire de faire de la reproduction pour utiliser de telles nourritures. Elles sont appréciées par bon nombre de petites espèces. Et quel plaisir pour l'éleveur de voir ses poissons ne plus savoir où donner de la tête pour capturer une proie. Mais procédons par étape pour mettre en place ces élevages qui nécessitent seulement un tout petit peu de doigté. > Le phytoplancton C'est le premier maillon de la chaîne de la vie. Il vit en suspension dans l'eau et colore en vert ou en brun les lacs, étangs ou rivières d'eau douce. Il est aussi présent en eau salée et constitue l'élément de base de la vie marine. Sa multiplication se fait en associant les "sels minéraux" présents dans l'eau et la source lumineuse du soleil. Peu utile sous cette forme pour l'élevage des poissons d'aquarium, il sert de nourriture au maillon suivant qu'est le zooplancton. Les rotifères, les daphnies et les artémias peuvent être maintenus en milieu clos grâce à cette "eau verte" que ces animalcules filtrent en continu. Deux cultures d'algues planctoniques sont fréquemment utilisées en aquaculture marine : Platymonas suecica, micro-algue verte de 8 microns, et Isochrysis galbarra, micro-algue brune de 3 microns. Pour l'aquariophile qui dispose d'un peu de place, il est facile de fabriquer une eau verte afin de nourrir divers animalcules filtreurs : une eau vieillie dans laquelle on ajoute quelques gouttes d'engrais liquide est exposée à la lumière. Très rapidement, le milieu est suffisamment riche en micro-algues pour recevoir la souche de zooplancton. > Le zooplancton Second maillon de la chaîne alimentaire, le zooplancton est composé de nombreux organismes unicellulaires, d'autres pluricellulaires et de diverses formes larvaires d'animaux. Il est utile pour le nourrissage des poissons. Certaines cultures sont faciles à maintenir et trouvent leur place dans l'élevage des poissons dont les alevins sont petits, tels les Colisa, Trichopsis, Rasbora. > Les rotifères Ces petits animalcules pluricellulaires de 0,05 à 0,3 mm s'élèvent en eau douce ou salée selon l'espèce. La mise en œuvre de leur élevage demande une certaine maîtrise. Les rotifères d'eau douce sont particulièrement intéressants lorsqu'on ne peut pas aller pêcher du plancton de mare. En eau de mer, citons les Amphiprion dont les alevins doivent être démarrés pendant quelques jours avec des rotifères "enrichis". Ici, c'est principalement la souche de Brachionus plicatilis qui est utilisée. L'élevage se fait entre 20 et 25 °C. La difficulté réside dans le fait de trouver une nourriture pour ces petits êtres vivants. Il y a deux possibilités : soit maintenir parallèlement une souche d'algues (douces ou marines selon le cas), soit utiliser une nourriture aquariophile commercialisée dans ce but. Le prélèvement des rotifères se fait à l'aide d'un tamis suffisamment fin, par exemple d'un vide de maille de 60 microns. Il est possible de se procurer des œufs de rotifères ainsi qu'une culture d'algue dans le commerce spécialisé, voire auprès d'une station d'aquaculture. > Les infusoires Ce sont des êtres vivants unicellulaires de l'Embranchement des Protozoaires. Leur taille varie de 0,05 à 1 mm, le plus souvent autour de 0,06 mm. Ils sont à peine visibles à l'œil nu. Ce sont des mangeurs de bactéries. Pour réaliser une culture d'infusoires, plusieurs solutions existent : de la feuille de salade séchée en passant par le foin, la peau de banane ou le restant de l'eau d'un bouquet de fleurs. Toutefois, le riz paddy, c'est-à-dire celui qui a gardé son enveloppe, ou à défaut le blé, acheté dans un magasin de produits biologiques, sont des produits de mise en œuvre simple. La première méthode consiste à faire bouillir 100 ml d'eau pure avec une cuillère à café de riz paddy. On ajoute le même volume d'eau pour diluer et on répartit dans une fiole de laboratoire, tube à essai ou à défaut dans un bocal à confiture convenablement lavé. Puis on y plonge un grain de riz bouilli. Une fois l'ensemencement fait avec un peu d'eau d'un aquarium, on laisse reposer à température ambiante. Au bout de ![]() Pour la distribution, il suffit de déplacer le radeau de bac en bac afin de disséminer les infusoires. Attention aux escargots présents dans le bac d'élevage qui se font un plaisir de dévorer ces petites racines bien tendres mettant rapidement fin à l'expérience. Il est conseillé de réserver un aquarium à cet usage afin de ne pas polluer le bac d'élevage. Le démarrage de la culture peut être nocif aux alevins. Au même titre que la méthode simpliste qui consiste à disséminer directement les grains de riz paddy sur le fond de l'aquarium. La prolifération rapide des infusoires qui s'ensuit a pour conséquence la réduction de l'oxygène dissous dans l'eau, entraînant la perte de la reproduction en cours. Et, si vous n'êtes pas bricoleur, la classique mangeoire à vers de vase convient parfaitement. De plus, sa ventouse permet de la fixer à l'endroit voulu. Il faut savoir également que les infusoires sont omniprésents dans les bacs anciens bien plantés. Les plantes de surface, tels Riccia et Ceratopteris, sont le refuge de nombreux infusoires pour peu que quelques feuilles commencent à se décomposer. > La paramécie Cet animalcule bien connu est également très intéressant à tous points de vue. La paramécie (Paramecium caudatum ou P. bursaria) est un infusoire de 300 à 500 microns qui se déplace à l'aide de cils vibratiles. Sa culture demande peu de place et de surveillance. Dans un récipient de 0,5 à 1 litre, on verse de l'eau pure, eau de source ou eau osmosée. On ensemence avec une souche de paramécie et quelques gouttes de lait. Puis on laisse reposer dans sa pièce à poissons à température ambiante. Dès l'éclaircissement du milieu de culture, en général tous les 3 jours, on ajoute quelques gouttes de lait. En une semaine, on obtient une culture qui ne demande qu'à être utile. Le prélèvement se fait à la pipette. Le récipient est obturé par un bouchon de coton ou un tampon de mousse . > La daphnie japonaise Moina macrocopa est un petit Crustacé d'eau douce, proche parent de nos daphnies "du cru". Toutes ces espèces colonisent des milieux réduits et parfois temporaires, ce qui explique la relative insensibilité de Moina macrocopa à la vie en bocaux dans un milieu pouvant se dégrader rapidement. Cet organisme vit en eau douce uniquement. De petite taille, il mesure jusqu'à 1,8 mm, il est donc idéal pour nourrir des poissons à petite bouche. Il se multiplie presque exclusivement par parthénogenèse : un animal adulte produit tous les 2 à 4 jours, de 6 à 15 Moina. Cet animal peut supporter des températures aussi basses que 5 °C mais, pour un élevage productif, l'optimum se situe entre 18 et 24 °C. A des températures plus élevées, la très forte multiplication entraîne l'épuisement du milieu en oxygène, ce qui peut provoquer la mort des animaux. De plus, une maintenance à long terme au-delà de 25 °C affaiblit rapidement les daphnies et l'issue est fatale. La lumière ambiante suffit si les bocaux sont disposés à proximité de la source. Il est possible d'éclairer directement la culture mais en prêtant attention à l'élévation de la température due à la chaleur dégagée par les tubes lumineux. ![]() La nourriture de cette daphnie se compose de levure de boulanger. Elle peut être complétée par des vitamines (Hydrosol) ou de la spiruline, ces algues bleues qui donnent également de bons résultats avec l'élevage des artémias. On obtient ainsi une bestiole d'un beau rouge orangé. Sa croissance rapide permet d'en disposer en quantité suffisante pour peu que l'on ait pris soin d'ensemencer plusieurs récipients. La technique d'élevage est simple. Un bocal à large ouverture dont le volume importe peu est rempli d'une eau de bonne qualité. On ensemence avec une souche de Moina et un peu de levure préalablement délayée dans un peu d'eau. On distribue de la levure dès que l'on s'aperçoit que le milieu nutritif est épuisé. Après 3 semaines environ, suivant la vitesse d'évolution de l'élevage, l'eau commence à dégager une odeur peu agréable et la couleur de la daphnie à s'atténuer. Il est alors conseillé de refaire la culture. Deux à trois élevages à des stades différents permettent de maintenir des Moina sans difficulté particulière. Le prélèvement peut s'opérer au bout de la première semaine. Pour cela, il existe deux techniques qui se complètent. Soit on verse le tout sur une série de tamis de mailles différentes et on distribue les daphnies suivant leur grosseur en totalité. Une nouvelle culture est alors mise en route par un prélèvement dans une souche annexe. Soit on effectue un prélèvement par siphonnage partiel de la culture qui traumatise un peu moins les animaux qui sont tout de même fragiles. Un complément d'eau renouvelle le milieu de culture. > L'anguillule du vinaigre L'anguillule du vinaigre (Turbatrix aceti) est un petit ver de quelques millimètres qui présente la particularité de nager. Il occupe ainsi les différentes strates de l'aquarium, facilitant la prise de nourriture par les alevins. C'est une proie de culture aisée qui est également appréciée de nombreux poissons adultes de petite taille. Pour l'obtenir, versez à parts égales du vinaigre de cidre et du cidre "débullé" dans un récipient à large ouverture. Le mélange vinaigre blanc et vin blanc donne d'aussi bons résultats. Ajoutez un morceau de sucre et quelques dés de pomme. Ensemencez et laissez reposer plusieurs jours. Pour compenser l'évaporation, ajoutez de l'eau pure. Rapidement, les petits vers sont visibles à l'œil nu au travers de la paroi du récipient. Le prélèvement se fait soit au pinceau à la limite de la surface de la culture, soit en siphonnant à l'aide d'un tuyau à air qui s'écoule dans un tamis très fin (filtre à café). Rincez doucement à l'eau claire et distribuez. Une autre méthode, également utilisée pour les paramécies, consiste à prélever une certaine quantité de culture dans un tube à essai jusqu'à laisser une hauteur libre de 2 ou 3 cm. Puis on bouche avec un tampon de perlon sur lequel on verse de l'eau pure. Pour éviter l'étouffement, les anguillules vont migrer vers l'eau pure qu'il est facile de verser d'un geste sûr et rapide dans l'aquarium d'élevage. Vous ôtez ensuite le bouchon de perlon et reversez le contenu dans le récipient d'origine. Ce dernier est toujours clos par un tampon de mousse ou recouvert d'un morceau de collant maintenu par un bracelet élastique. Une culture donne à plein rendement pendant 6 mois. > Les microvers Chez un éleveur, c'est certainement cette odeur particulière qui est la plus tenace ! Mais elle est inévitable à moins d'utiliser un produit tel que "Lili' vers", souche de microvers et support nutritif présent. D'une taille réduite - 0,4 à 1,6 mm -, Anguillula silusiae constitue un mets de choix pour petits et grands... poissons. Pour une préparation maison, mélangez à sec les ingrédients suivants : 4 volumes de flocons d'avoine, 1 volume de levure de bière. Ajoutez 3 volumes d'eau, délayez peu à peu et faîtes cuire pendant 2 mn. Versez dans une boîte en plastique, du style boîte à glace, une couche de 2 à 3 cm du mélange et laissez refroidir. Puis ensemencez la culture en surface. Mélangez et conservez à température ambiante. Pour éviter que le milieu ne se dégrade trop vite, il est possible d'ajouter un antifongique. L'un des plus utilisés est le parahydroxybenzoate de méthyle, commercialisé dans les magasins de produits pour laboratoires sous le nom de Nipagine ND. Cette poudre blanche cristalline est employée comme agent conservateur des matières alimentaires. Sa forme sodée est plus avantageuse étant donné sa plus grande solubilité dans l'eau. Il est préférable d'ajouter la solution antifongique en fin de cuisson à raison d'une cuillère à café (5 ml) pour 100 ml de préparation. En quelques jours, le développement des microvers est tel qu'ils montent le long des parois de la boîte. Un coup de pinceau et voilà une dose de nourriture vivante prête à être distribuée. Les microvers coulent et sont de ce fait des proies très prisées par les poissons de fond comme les Ancistrus et les Corydoras, et par les autres aussi ! Une culture est à son plein rendement au bout d'une dizaine de jours et commence à s'épuiser vers 3 à 4 semaines. Une astuce pour lutter contre les acariens qui envahissent les boîtes de microvers : appliquez régulièrement tout autour de vos boîtes, à environ un centimètre du couvercle, un trait de stylo-feutre insecticide vendu pour lutter contre les tiques chez nos compagnons à quatre pattes. Tous ces élevages complémentaires de petites proies vivantes sont dans l'ensemble réalisables chez soi à faible coût. La majorité des cultures sont disponibles auprès d'aquariophiles qui en font souvent une activité à part entière. Sauf exceptions, c'est par le biais des clubs et autres associations que vous pouvez trouver ce que vous recherchez. Avant de vous lancer dans l'exploitation d'une culture, pensez à la multiplier car parfois, sans aucune raison précise, une culture tourne ou moisit et est alors perdue. Avec une rotation de fabrication, vous limitez les risques de perte totale des souches. Ce serait dommage quand on a cherché une culture pendant des lustres ! Vous devez également protéger toutes vos cultures contre d'éventuels envahisseurs - petites mouches, acariens, poussières - tout en laissant le milieu respirer. Et dans tous les cas, ne surdosez pas les rations distribuées à vos poissons sous prétexte que ce sont des nourritures vivantes. Rappelez-vous : il vaut mieux donner plus souvent et moins à la fois. Bon appétit ! |
Parmi les nourritures vivantes que l'on peut élever chez soi, certaines constituent de véritables proies qui bougent, remuent, frétillent ou se dérobent, stimulant l'instinct de chasse de nos pensionnaires. Elles sont à adapter aux poissons en fonction de leur taille et de leur régime plus ou moins spécialisé. L'excitation provoquée chez les poissons par l'instinct de chasse n'est pas négligeable. D'une part, elle stimule leur sécrétion hormonale, paramètre important pour la reproduction. D'autre part, elle ouvre leur appétit tout en favorisant la digestion et en combattant la constipation (les daphnies sont censées avoir une vertu laxative). Voici des méthodes pour mener à bien quelques élevages de nourritures très mobiles et vérifier leurs bienfaits. > Les grindals Le mérite de leur diffusion revient en grande partie à Madame Morton Grindal, une Anglaise vivant en Suède qui les a "découverts" vers 1947 et leur a donné leur nom. Ce ver de petite taille, Enchytraeus buchholzi, du même groupe que le lombric, vit dans un milieu chaud - optimum entre 25 et 28 °C, ne pas descendre en dessous de 20 °C - et humide. Pour son élevage, un récipient plat en plastique (polystyrène par exemple) convient parfaitement. On pratique dans le couvercle une ouverture pour l'aération et on l'obture par un tampon de mousse. Pour le substrat, on a le choix entre la mousse de polyester dans laquelle on creuse des sillons au cutter, la sphaigne bien nettoyée et déparasitée, ou la laine synthétique. Cette dernière, de couleur foncée de préférence pour mieux distinguer les petits vers blancs, peut être simplement étalée dans le fond de la boîte, ou tricotée en petit tapis aux dimensions requises. Une plaque de verre de 3 mm d'épaisseur - pas plus afin qu'elle n'écrase pas les vers par son poids - couvre le tout en laissant un espace libre de 1 cm environ sur les bords. Une poignée, cale de verre collée ou bille, permet la préhension. Après avoir ensemencé la culture, vous la nourrissez aux flocons d'avoine, ou à la mie de pain ou la biscotte séchée et broyée, ou encore aux croquettes molles pour petits carnivores. Une dizaine de jours est nécessaire pour que la colonie prospère. Le prélèvement se fait lorsque les vers sont rassemblés sous la plaque de verre, en trempant celle-ci directement dans l'aquarium ou en prélevant au pinceau. Il est judicieux de préparer plusieurs boîtes qui produisent par rotation. Lorsque qu'une forte odeur d'ammoniac s'en dégage, il faut repiquer la culture. La diminution de la production implique aussi le repiquage. Prélevez le substrat et nettoyez-le doucement à l'eau tiède pour le replacer dans la boîte une fois modérément essoré. Il reste suffisamment de grindals pour relancer la souche. Parfois, les boîtes sont envahies par des acariens ou des moucherons. Si l'étagère sur laquelle repose vos boîtes est lisse (verre ou Plexiglas), l'aspersion régulière d'eau limite leur présence. Il est aussi possible de passer un trait de stylo insecticide à usage vétérinaire à 1 cm du bord de la boîte, côté extérieur bien sûr ! Autre technique : plongez délicatement la boîte et son contenu dans de l'eau tiède en faisant couler un léger filet d'eau. Les vers restent dans le substrat et les acariens flottent, se trouvant ainsi entraînés par ce léger courant. Essorez et c'est reparti. Si toutefois le résultat n'est pas satisfaisant, il est plus sage d'effectuer un prélèvement à partir d'une culture saine pour recommencer. > Les enchytrées D'une taille plus importante que les grindals, les enchytrées sont comme eux réputés pour être très riches en lipides. En aucun cas, les uns comme les autres ne doivent donc constituer la base de l'alimentation, mais plutôt être une nourriture occasionnelle. Enchytraeus albidus, entre autres, reste toutefois une source de nourriture appréciable. L'élevage des enchytrées s'effectue entre 6 et 16 °C, avec un optimum à 10-12 °C. Une cave est un lieu privilégié. Toutefois, ils supportent une hausse de température passagère. Dans une caissette de votre choix, le milieu de culture est constitué de quelques centimètres d'un mélange de sable et de terreau bien décomposé. Ce milieu doit être humide mais pas détrempé. La nourriture, disposée sous une plaque de verre, est composée de pain trempé dans du lait. Dans une culture qui tourne bien, de petits poissons morts sont rapidement ingérés. Le fait de retirer régulièrement la nourriture non consommée et de la remplacer permet d'empêcher toute fermentation génératrice d'odeur. Quelques vers de terreau maintenus conjointement ne nuisent pas à l'élevage et aèrent le substrat. Pour le prélèvement, il suffit de plonger la plaque de verre dans un récipient contenant de l'eau. Les enchytrées vont s'agglutiner en pelote, se nettoyant du même coup. Il ne reste plus qu'à distribuer. Et si, par hasard, une colonie de moucherons prolifère, il suffit de passer la surface de la culture à la flamme. Les moucherons meurent et les enchytrées se réfugient rapidement au fond de la caissette. > Les artémias Qui ne connaît pas les artémias ? C'est la première nourriture vivante proposée à nos poissons. Il faut distinguer les nauplies d'artémia et les artémias adultes. Les premières s'obtiennent à partir d'œufs commercialisés que l'on fait éclore. Les secondes sont vendues sous divers conditionnements prêts à l'emploi. Dans les deux cas, c'est un mets de choix. Il est facile de faire éclore des artémias, plus difficile de les faire grandir. Pourtant, avec un peu de patience et de temps, on peut passer de l'un à l'autre. Pour l'éclosion, l'équipement de base est simple : une bouteille en plastique lisse (type boisson gazeuse), munie d'une arrivée d'air pour brasser les œufs dans de l'eau de mer (densité idéale vers 1018), ou dans de l'eau du robinet à laquelle on ajoute environ 35 g par litre de gros sel de cuisine. Tamisez ensuite pour récolter les nauplies qu'il faut bien rincer avant de les distribuer. Mais surtout, ne passez pas par cette étape si vous souhaitez les faire grossir. Pour cela, un équipement minimal est de rigueur : un volume variant de 30 à 50 litres, voire plus. Là, il faut de l'eau de mer, naturelle ou synthétique. Elle peut être additionnée de bicarbonate de sodium et de sulfate de magnésium - technique personnelle - à la concentration de 10 mg/l. Dans une pièce d'habitation, les artémias peuvent souffrir d'un manque de luminosité. On choisit alors la meilleure exposition ensoleillée de son balcon. Une grande jardinière en plastique donne de bons résultats même si, parce que la température n'est pas à une valeur suffisamment élevée, la production reste faible. C'est ici plus une question de plaisir ![]() > Les ténébrions Le ver de farine, Tenebrio molitor, est utile pour nourrir les gros poissons à tendance insectivore. L'enveloppe cutanée de cette larve étant dure, il est préférable de distribuer cette proie lorsqu'elle vient de muer. Sa peau est alors plus souple. Ce ver grandit rapidement et passe par différentes étapes de croissance, ce qui permet de l'utiliser en fonction de sa taille. Il faut laisser quelques larves évoluer vers le stade de l'insecte adulte afin qu'une ponte assure le renouveau de la culture. Le prélèvement se fait à la pince brucelles. Pour l'élevage, une boîte de plastique alimentaire est parfaite. Le couvercle, partiellement évidé, est recouvert d'une fin tamis collé afin d'éviter une fuite intempestive des adultes. Pour vous rassurer, sachez qu'ils ne peuvent monter le long d'une paroi lisse. Le substrat de culture est composé de son et leur nourriture de quelques dés de carottes ou quartiers de pommes disposés en surface. Un morceau de vieux lainage protège les nymphes et évite qu'elles ne se fassent dévorer. Pour le renouvellement de la culture, il suffit de prélever quelques adultes - ou quelques larves si l'on est moins pressé - et d'ensemencer une nouvelle boîte, méthode préférable à celle de laisser la reproduction se faire toujours dans le même milieu. L'optimum de température se situe entre 20 et 25 °C, et la production chute franchement en dessous de 15 °C. > Les drosophiles Drosophila melanogaster est une petite mouche appréciée par la gent aquatique et terrariophile. En élevage, la drosophile sauvage est d'un rendement élevé, mais présente l'inconvénient... de voler, et donc de s'échapper facilement. La souche de laboratoire aux ailes atrophiées ne fait que courir et est plus facile à distribuer aux animaux à nourrir. Mais outre l'histoire du rendement, elle est beaucoup plus exigeante en ce qui concerne le milieu d'élevage. A chacun de faire son choix. L'abdomen de ces petites bêtes est plus petit et foncé chez le mâle, distinction bien pratique pour sélectionner une vingtaine de mouches qui permettent de démarrer la culture. Des bocaux à confiture classiques - ou des récipients en verre plus grands, par exemple de 2 litres - sont obturés par un tampon de mousse ou coiffés d'un collant ceinturé par un bracelet élastique. Pour les drosophiles sauvages, chacun a sa technique, de la purée en flocons délayée au vin jusqu'au mélange de bananes bien mûres, son et tourbe, mélange additionné d'un pois de levure de boulanger par litre. Voici une recette pour préparer un milieu de type laboratoire, milieu qui est quasiment nécessaire aux drosophiles à ailes atrophiées. Mélangez à sec 20 g de farine de maïs, 16 g de levure de bière sèche, 10 g de Maïzena et 10 g de tapioca. Ajoutez 200 ml d'eau et 10 ml de solution antifongique. Celle-ci est composée de parahydroxybenzoate de méthyle dilué dans de l'alcool à 90 ° dans la proportion de 1 à 3 %. De cette solution-mère, on prélève la quantité nécessaire pour la préparation. A noter la possibilité d'utiliser le produit sodé, soluble dans l'eau. Faites ensuite cuire la préparation à feu doux pendant 10 à 15 mn de façon à obtenir une préparation pâteuse et élastique. Versez de suite dans les bocaux une hauteur de 3 cm environ. Laissez refroidir et placez dessus un papier-filtre plissé ou une feuille de papier essuie-tout. Ce matériau sert de refuge aux mouches et évite l'humidité excessive du milieu. Tenir entre 20 et 25 °C pour obtenir un rendement maximum. Au bout de quelques jours, les asticots se transforment en pupes, puis ![]() ![]() > Les daphnies Si vous disposez d'un peu de place sur un coin de votre balcon ou, mieux encore, dans votre jardin, il est envisageable de maintenir une population de daphnies. Daphnia magna mesure près de 5 mm et est parfois trop grande pour les petits poissons. Daphnia pulex, elle, provient de petites mares de forêt et semble mieux tenir en milieu clos. Le récipient, du seau à la baignoire, voire l'abreuvoir à bestiaux, est rempli d'eau qu'on laisse reposer. Une souche de daphnies est introduite, ainsi qu'un peu de levure de boulanger ou d'eau verte, riche en algues planctoniques. Pendant la belle saison, vous pouvez ainsi avoir à portée de main, ou de tamis devrait-on dire, une source de nourriture facile à élever et à prélever en les tamisant pour les distribuer en fonction de leur taille et de celle de vos poissons. Les mues, les daphnies mortes et leurs excréments ou déchets de nourriture vont reposer au fond du récipient de stockage sans vous poser d'autre soucis que de les siphonner occasionnellement. Ces différents petits élevages complémentaires de proies vivantes sont faciles à maintenir chez soi. Ils ne demandent qu'un peu de temps pour offrir tout compte fait un choix maximum à vos pensionnaires et, ce qui est primordial, varier leur menu. Vos hôtes vous en seront gré en se présentant à vous au mieux de leur forme.
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