Le plus souvent, la réfection d’un bac d’eau douce n’est pas d’une urgence totale. On a donc le loisir de se trouver deux jours pour l’essentiel de l’opération, et il suffit de procéder dans le bon ordre. Parmi les protocoles possibles, voici des propositions efficaces. ![]() ![]() Plaçons-nous dans le cas d’un bac qui tournait parfaitement depuis longtemps. Certaines plantes se mettent à péricliter, celles qui sont les plus "gourmandes" servant de test. Ou bien l’on déplore, de temps à autre, la mort suspecte d’un poisson tenu depuis longtemps, soit sans signe extérieur décelable, soit par hydropisie ou exophtalmie. Ou encore la fréquence entre deux nettoyages se réduit de plus en plus. Il est temps de refaire le bac. ![]() Dans le cas d‘un aquarium qui n’a jamais donné satisfaction, il faut déterminer la ou les erreurs importantes d’installation ou de maintenance et y remédier. Un cas particulier : les planorbes ne tiennent pas alors que le bac n’héberge pas de poissons qui sont friands de ces escargots, tels les Botia. C’est également là le signe d’une anomalie, avec présence probable d’une ou plusieurs substances toxiques. Il est donc nécessaire de refaire l’aquarium très vite. Les éléments inertes ne posent pas de problème de stockage. Il suffit de les nettoyer à l’eau claire. En ce qui concerne le vivant, il y a quatre grands groupes qui doivent supporter l’opération au mieux : les poissons, les plantes, les escargots et les bonnes bactéries. Avant toute autre intervention, il s’agit de siphonner de l’eau claire du bac dans plusieurs récipients faciles à déplacer, essentiellement des seaux en plastique ou des jerricans pour le camping. Car ensuite, l’eau va se troubler, de manière parfois très importante. Auparavant, on débranche tous les appareils qui souffriraient de la baisse du niveau de l’eau, tels certains filtres et chauffage. Les bonnes bactéries se trouvent notamment dans les masses filtrantes et à la surface du sol, leur densité étant extrêmement faible en pleine eau. Elles sont très exigeantes en ce qui concerne l’oxygène. Pour les conserver, il existe deux méthodes principales. Première possibilité : on utilise plusieurs sacs en plastique prévus pour la congélation (amorces de sable) ou des sacs-poubelle (masses filtrantes telles des mousses), sacs parfaitement hermétiques - c’est-à-dire sans trou et soigneusement fermés - avec un volume d’air le plus important possible. Sable et masses filtrantes sont simplement égouttés. Pour ces dernières, on n’utilise que les substrats neutres - donc des mousses, mais aussi du perlon, des nouilles en céramique, du gravier de pouzzolane, à l’exclusion par exemple du charbon - en prenant garde qu’ils aient été placés dans le ou les filtres suffisamment longtemps pour être colonisés, par exemple trois semaines si on a l’habitude de les changer ou de les nettoyer chaque mois. Deuxième possibilité : garder du sable et des masses filtrantes sous eau, celle prélevée dans l’aquarium, dans plusieurs petits bacs en verre ou en plastique équipés d’un diffuseur ou d’un filtre de fond de façon à ce qu’ils soient bien aérés. Dans tous les cas, on stocke à température d’une pièce d’habitation et sous une lumière la plus atténuée possible, ou même dans l’obscurité. On prélève un maximum d’escargots. Ils sont gardés dans un petit bac - par exemple d’une dizaine de litres en plastique - équipé d’un filtre intérieur à exhausteur, avec de l’eau de l’aquarium de départ et une touffe de mousse de Java pour aider au maintien d’une bonne qualité d’eau. Ce petit bac doit en outre être garni d’une fine couche de sable provenant, lui aussi, de l’aquarium de départ. Les planorbes ne sont pas sensibles à la température tant qu’elle n’accuse pas une trop grande différence par rapport à celle du bac, mais attention aux Melanoides qui ne tiennent pas en dessous de 20-22 °C. Pour les plantes, c’est presque plus facile. Soit on les place, après simple égouttage, dans des sacs en plastique légèrement gonflés pour éviter l’écrasement et maintenus dans l’obscurité, à température d’une pièce d’habitation ; c’est peut-être la meilleure solution. Soit on les ventile dans plusieurs seaux en plastique remplis de l’eau de l’aquarium, avec alors le risque qu’elles subissent quelques déformations : tiges tordues, départ de feuilles dans une mauvaise direction. A noter que ces déformations éventuelles devraient se rattraper facilement dans le nouveau bac. Ce sont les poissons qui sont les plus exigeants lors d’une réfection. Cela est notamment dû au fait que, pour éviter tout risque, ils réintégreront l’aquarium après un temps supérieur aux autres organismes vivants. Ils doivent être hébergés dans un ou plusieurs bacs déjà équilibrés et donc préparés au moins trois semaines auparavant. Leur durée de séjour dans ces aquariums étant brève, ils peuvent se retrouver à une densité de peuplement relativement élevée. On veille tout de même à ne pas devoir faire face à des problèmes d’agressivité, d’où la nécessité de disposer de plusieurs bacs pour les espèces posant problème sur ce point. Ce ou ces bacs peuvent être installés chez soi, chez des amis aquariophiles ou dans le local d’une association. Les poissons sont pêchés après retrait des éléments du décor que l’on peut ôter sans difficulté et évacuation par siphonnage d’un maximum d’eau. On prend bien soin de ne pas coincer un exemplaire entre l’armature de l’épuisette et une vitre ; à l’épuisette, pour cette capture, préférer un récipient en verre ou en plastique transparent qui présente l’avantage de ne pas faire sortir les poissons à l’air libre. Ils doivent rester toujours à bonne température, y compris lors des transferts. Il ne reste plus qu’à tout retirer de l’aquarium et à le nettoyer à l’eau claire, ainsi que les accessoires. Il s’agit de refaire le bac aussitôt. On utilise pour cela obligatoirement un sol neuf car l’ancien a pu se comporter en "piège à polluants" et l’on brosse sous l’eau tiède courante les éléments inertes du décor - rochers, bois éventuel - sans utiliser quelque produit que ce soit. On procède comme pour une première installation - c’est-à-dire que le bac est mis en eau - sans toutefois installer de masses dans le ou les filtres. Le lendemain, lorsque l’eau est à bonne température et que les gaz dissous ont eu tout le temps de se normaliser avec évacuation - sans autre intervention - du chlore éventuel, on réinstalle les plantes et on répartit sur le sol une amorce de l’ancien sable. En même temps, on place dans le ou les filtres les anciennes masses filtrantes et, en en gardant quelques-uns par précaution dans leur petit bac de stockage, on lâche des planorbes et des Melanoides. Ces escargots vont être nourris chaque jour ou tous les deux jours avec un tout petit peu d’aliments tels fraction de tubifex lyophilisé ou flocons en quantité extrêmement faible. N’ajouter de la nourriture que si la précédente a été entièrement consommée ; sinon, siphonner et réduire les quantités suivantes. Après une semaine, on effectue un dosage de nitrites, en opérant ensuite tous les deux jours. Si on l’estime préférable, ne serait-ce que pour se rassurer, on peut bien sûr doser les nitrites dès le début puis chaque jour. Dans les trois premières semaines, il se peut qu’il y ait une poussée de nitrites ou pas. Dans le deuxième cas, il n’y a normalement pas à s’inquiéter, car c’est certainement le signe que l’on a agi dans les meilleures conditions possibles. On retrouve d’ailleurs la même situation en eau de mer, où la tolérance est pourtant bien moindre. Mais si, par hasard, il y avait toujours présence de nitrites à ce moment, il faudrait retarder l’introduction des poissons, en essayant de déterminer ce qui ne va pas. Sinon, il n’est pas inutile de saupoudrer à nouveau le sol d’une nouvelle amorce de l’ancien sable. Ou bien cela ne sert à rien mais n’a pas de toute façon d’effet nocif, ou bien cela permet la réintroduction de bonnes bactéries qui auraient pu souffrir des opérations de réfection. Puis l’on réintroduit les poissons avec les précautions d’usage : pas de variation brutale de température et - en cas de modifications notables dans les caractéristiques physico-chimiques de l’eau - adaptation progressive pour les espèces sensibles, tels les platys. Tout baigne, sauf que ces poissons ont subi des stress et sont donc en état de moindre résistance. Mais, comme à l’habitude, on surveille tout ce petit monde de près, sans oublier là des dosages de nitrites, et on intervient immédiatement en cas de nécessité. Ce qui présuppose que l’on ne refasse pas un bac juste avant de partir en vacances. Mais était-ce vraiment nécessaire de le préciser ?... |